La Princesse Barouline

...et son orgue de Barbarie

Brin de conduite (Gaston Couté)

Dis, sais-tu, ma jolie
en revenant du bal danser
On A pris les sentiers.
Les sentiers s'en vont dans la nuit
Dis, sais-tu, ma jolie
Où s'en vont les petits sentiers ?

Nous mèneront-ils au seuil de la ferme
Où dans le lit à rideaux bleus
Ta vieille s'endort tandis que ton vieux
Visite l'étable avec sa lanterne ?
Nous mèneraient-ils au plein des éteules
Où les grillons chantent ce soir,
Comme des petits curés tout en noir,
Pour les épouses du revers des meules !

Nous savons jusqu'où les vieux nous permettent,
I i nous respectons trop les vieux
Qui sont à l'étable ou dans le lit bleu
Pour- aller plus loin qu'un baiser honnête...
Mais comme, ce soir, tu parais plus blonde
Que' le clair de lune en ton cou !
Et comme il te fait frissonner partout
Le vent qui s'embaume en les meules rondes !

Ah ne rêvons pas de choses pareilles !
Ça serait mal, bien mal, vois-tu?
Pour ta dot, les blés ne pousseraient plus,
Et ton vieux viendrait me prendre aux oreilles!...
Mais, pourtant, mon Dieu ! pourtant il me semble...
Les meules sont là, devant nous !
Chez vous est bien loin... on ne sait plus où ?
Et comme je brûle !... et comme tu trembles !...

Dis, sais-tu, ma jolie
En revenant du bal danser
On a pris les sentiers.
Les sentiers s'en vont dans la nuit
Dis, sais-tu, ma jolie
Où s’en vont les petits sentiers ?