La Princesse Barouline

...et son orgue de Barbarie

Causette (Gaston Couté)

Le jour meurt au ras des guérets
Et son parfum dernier embaume.
La belle Lison prend le frais
Au seuil de la maison de chaume ;
Pierre, un gâs qu'elle a remarqué
Parmi ceux qui s'approchent d'elle,
Revient des champs, bien fatigués :
“ Holà ! " dit la belle.

Holà ! Monsieur Pierre, bonsoir !
Vous rentrez des champs de bonne heure ;
Venez donc un brin vous asseoir
Sur mon banc, devant ma demeure.
- Ma foi ! ça n'est pas de refus;
Je suis si las, mademoiselle,
Que mes pieds ne me portent plus !
- Ah ! Ah ! dit la belle.

Mais, faisons la causette un peu ;
Connaissez-vous quelque nouvelle ?
- Rien du tout, du tout, hormis que
Vous êtes toujours la plus belle !
Les raisins sont-ils bien rosés ?
- Oui !... mais moins doux, Mademoiselle,
Que doivent être vos baisers !
- Chut ! Chut ! dit la belle.

Car le monde, à cette heure-ci,
Du fin tond des labours remonte ;
S'il entendait parler ainsi
Il jaserait sur notre compte.
Lors, dit en soupirant le gâs,
Comment faire, Mademoiselle,
Pour que les gens n'entendent pas ?
- Rentrons !... dit la belle.